PETITE FLEUR

Paroles Jeanne Cherhal
Musique Jeanne Cherhal
Interprète Jeanne Cherhal
Année 2014

"Le temps passé tu sais / A fait ce qu'il fallait / Je pense à toi tranquille, parfait" : déclaration d’amour à un père fragile (cf. Les chiens de faïence) et trop tôt disparu (cf. Hommes perdus), mais déclaration elliptique au possible : aucun indice ne permet de comprendre à qui les mots s’adressent précisément, et un seul petit adjectif interdit de croire qu’il pourrait s’agir d’une femme. Petite fleur (un titre sans doute emprunté à Sidney Bechet) pousse ainsi très loin l’art du non-dit et de l’imprécision caractéristique de Cherhal : chacun en est libre d'imaginer le destinataire à qui il pourrait dire "tu me manques encore" après des années de deuil, et peut-être même de se croire l'auteur du trait de génie de l'inversion métaphorique à l'œuvre dans "Je porte autour du cou / Ton souvenir comme un bijou".

CHAMBRE DE LA DOULEUR
(Hélène ou le règne végétal ; René-Guy Cadou ; 1951)

La porte est bien fermée
Une goutte de sang reste encore sur la clé

Tu n'es plus là mon père
Tu n'es pas revenu de ce côté-ci de la terre
Depuis quatre ans
Et dans la chambre je t'attends
Pour remailler les filets bleus de la lumière

La première année j'eus bien froid
Bien du mal à porter la croix
Et j'usai mes belles mains blanches
À raboter mes propres planches
Déjà prêt à partir sans toi

Puis ce fut le printemps la pâque
Je te trouvai au fond de chaque
Sillon dans chaque grain de blé
Et dans la fleur ouverte aux flaques
Impitoyables de l'été

Jamais plus les oiseaux n'entreront dans la chambre
Ni le feu
Ni l'épaule admirable du soir
Et l'amour sera fait d'autres mains
D'autres lampes
Ô mon père
Afin que nous puissions nous voir

Nous contacter

Veuillez entrer votre nom.
Veuillez entrer un sujet.
Veuillez entrer un message.
Veuillez vérifier le captcha pour prouver que vous n'êtes pas un robot.