CHAPEAU BAS
| Paroles | Barbara | |
| Musique | Barbara | |
| Interprète | Barbara | |
| Année | 1958 (inédit 1961) |
Chantée à L'Ecluse et captée à la radio dès 1958, Chapeau bas ne fut publiée qu'en 1961, et en dernière plage du quatrième super 45 tours de Barbara, comme si celle-ci n'assumait encore que Du bout des lèvres son nouveau statut d'auteure-compositrice. Interprétée en piano-voix, avec quelques touches d'accordéon, et divisée en cinq couplets et trois refrains, les uns et les autres presque tous introduits par le leitmotiv "Est-ce la main de Dieu / Est-ce la main de Diable" (ou ses variantes), Chapeau bas est une chanson d'amour, le thème de prédilection de l'auteure, mais une chanson d'amour qui se dissimule d'abord derrière des mercis pour les beautés que le monde réserve parfois ("Et ces prunes éclatées / Et tous ces lilas blancs / Et ces groseilles rouges / Et ces rires d'enfants"). Il faut attendre le dernier couplet et le dernier refrain pour que le thème se dévoile : toutes les merveilles qui ont précédé n'existent que parce qu'il y a "cet amour-là", celui qui unit la chanteuse et l'homme auprès de qui elle s'éveille "ce matin-là".
LA « BIBLE » DES CATHARES
(L'Histoire n°183 ; Jean-Louis Biget ; décembre 1994)
Le Livre des deux principes, composé au XIIIè siècle, est un traité hérétique : il éclaire les « ignorants » sur la dualité entre Dieu, créateur du bien, et le diable, origine du mal.
Le Livre des deux principes, découvert en 1939 dans un manuscrit de Florence par le père Antoine Dondaine, est - outre un petit traité languedocien du début du XIIIè siècle, le second traité d'origine cathare actuellement connu. Il s'agit du résumé, composé entre 1250 et 1280, d'une œuvre qu'avait rédigée Jean de Lugio, hérétique de Bergame, vers 1230-1240. Au sein de l'ouvrage se trouve un petit abrégé (ou Compendium) à l'usage des « ignorants », pour les éclairer sur l'authentique doctrine dualiste. Pour l'auteur cathare, le Seigneur-Dieu est le créateur du monde céleste, et non des éléments muables et irrationnels d'ici-bas : ceux-ci sont l'œuvre du diable, source et cause de tout mal. « J'accorde que le Seigneur notre Dieu est le "créateur" et "auteur" de cette création mais non des éléments faibles et démunis de ce monde, dont l'Apôtre a peut-être dit aux Galates : "Comment vous tournez-vous à nouveau vers ces éléments faibles et démunis que vous voulez encore une fois servir ?" [...] Aussi ne doit-on pas du tout accorder que le Seigneur notre Dieu soit le créateur ou auteur de la mort, ni de ces choses qui sont précisément dans la mort, comme il est écrit dans le livre de la Sagesse : "Car Dieu n'a pas fait la mort et ne se réjouit pas de la perdition des vivants." Car, à n'en pas douter, il y a un autre créateur ou auteur, origine et cause de la mort, de la perdition, et même de tout mal, comme on l'a précédemment montré avec assez de clarté. [...]
« C'est pourquoi on doit croire fermement, puisque Dieu n'est pas puissant dans le domaine du mal en sorte qu'il donne l'existence aux maux, qu'il y a un autre principe du mal, puissant dans le mal, principe duquel proviennent tous les maux, qui furent, sont et seront, et au sujet duquel peut-être David a dit : "Pourquoi te faire gloire de ta malice, toi qui es puissant en iniquité ? Tout le long du jour ta langue a énoncé l'injustice ; comme un couteau aiguisé tu as réalisé la ruse ; et tu as préféré la malice à la bonté, la parole inique à la parole équitable » [...]
« Voilà pourquoi, aux yeux des sages, il est jugé tout à fait impossible que ce puissant et sa puissance ou pouvoir proviennent, au sens absolu et direct du mot, du Seigneur vrai Dieu, [ce puissant] qui, chaque jour, agit avec beaucoup de scélératesse contre Dieu et sa créature, et que le Seigneur notre Dieu s'efforce énergiquement de repousser. Ce que ne ferait pas le vrai Dieu, si c'était vraiment de lui-même qu'il dépende en toutes ses dispositions, comme le disent presque tous nos adversaires. »
(traduction Christine Thouzellier, Paris, Le Cerf, 1973, p303, 311 et 313)