Barbara
(Monique Serf, dite)
(1930-1997)
Barbara sort d’une enfance brisée (persécutions antisémites, misère, inceste paternel) avec l'impérieux désir de chanter, dans lequel se devine la nécessité d'exorciser les blessures du passé. Elle n'accédera, peut-être, à un certain apaisement intérieur, que lorsque, après avoir d'abord interprété les chansons des autres, elle osera chanter les siennes, créant dans une courte période (1962-1975) la quasi-totalité de ses chefs d'œuvre, bouleversants de simplicité dans les années soixante, plus spectaculaires dans la décennie soixante-dix. Barbara est ainsi la fondatrice de la chanson d'auteure, qu'elle oriente par la force des choses vers la chanson-catharsis, transformant la scène en divan et le public en confident. Oublions donc que la suite ait sacrifié à une pitoyable théâtralisation des souffrances pour ne retenir que les merveilles du jaillissement initial d'un verbe féminin inédit. S'agit-il d'un hasard si les années soixante et soixante-dix sont aussi celles de l'essor du féminisme ? Le petit monde des grands chanteurs-poètes était en tout cas jusque-là par trop patriarcal...