LA COLÈRE / COLÈRE

Paroles Barbara
Musique Barbara
Interprète Barbara
Année 1970

Barbara adopte des rythmes brésiliens (une première dans son œuvre) pour évoquer en trois temps (le partenaire qui "vocifère [sa] colère" ; elle qui attend qu'il "s'essouffle" ; puis qui se déchaîne à son tour, "un couteau entre [les] dents") une de  ces violentes altercations qui ont mis fin à ses histoires d'amour ("Je ne veux plus de nous, va-t'en / Va-t'en, va-t'en...").

LES COLÈRES DE BARBARA
(Barbara Portrait en clair-obscur ; Valérie Lehoux ; 2007 ; Editions Fayard / Chorus)

« Pendant plusieurs années, elle est venue très régulièrement chez mes parents qui tenaient table ouverte, raconte Catherine Hiegel. On avait un grand piano à queue sur lequel elle jouait, et les soirées duraient jusqu'à plus d'heure. Je me souviens de ses arrivées fracassantes dans l'appartement, jetant une rose dans l'entrée pour ma mère - "Tiens, c'est pour toi, ma Jacqueline"... Je me souviens aussi de sa générosité incroyable ; elle avait des bijoux de pacotille qui me fascinaient, et dès qu'on lui disait "J'aime ta bague", elle vous la donnait ! J'ai encore une de ses grosses bagues noires... Elle donnait, elle donnait sans qu'on demande quoi que ce soit. A tel point que ma mère m'avait dit : "Maintenant, tu ne dis plus que tu trouves ça joli, ça devient gênant."

« Je me souviens des week-ends à la campagne où elle saucissonnait avec mes parents. Je me souviens finalement d'une femme très solaire, très chaleureuse, qui aimait bien manger et plaisanter. Je me souviens de son rire. Je me souviens d'une femme qui arrivait tout le temps avec un nouvel amant et qui souvent s'engueulait avec... Les engueulades place Gambetta, devant chez mes parents, c'était quelque chose ! Elle avait une vie amoureuse très dense et très passionnelle. »

Passionnée et passionnelle : mots récurrents dans la bouche de tous ceux qui en parlent. Passionnée et passionnelle dans ses amours comme dans son travail. Un ouragan.

Un soir de 1959, Barbara déboule à L'Ecluse et fonce droit vers la pianiste Yvonne Schmitt, qui se souvient : « Mon mari et moi, nous venions d'acheter une quatre-chevaux. Des mois d'économies, une voiture neuve qui devait avoir trois ou quatre jours, un événement ! Et voilà que Barbara arrive, soucieuse. Elle me dit : "Mon père vient de mourir à Nantes, je dois y aller, tu me prêtes ta voiture ?" Nous étions bien embêtés. Mettre une voiture dans les mains de Barbara... Mais, comme son ami de l'époque avait l'air très calme et très sérieux, nous lui avons donné les clés. Il nous a ramené la voiture intacte. »

L'ami, c'était Poissonnier.

A quel moment se sont-ils séparés ? Sans doute peu de temps après le voyage à Nantes. Fini, adieu, plié. La rupture est aussi brusque qu'avec Claude Sluys : Barbara, femme météore, bouleverse les vies en un éclair, puis s'en retire à la même vitesse. Les Gabbay récupèrent leur ami déboussolé. « Il est venu vivre chez nous, il était d'une tristesse infinie. Nous avons essayé de le "débarbariser". C'était très difficile. Il était inconsolable. » Le temps fila. Jean Poissonnier rencontra une autre femme et invita Barbara à leurs épousailles. « Elle est arrivée avec son ami du moment et un gros cadeau pour nous, se rappelle madame Poissonnier. Mais, avant la fin de la journée, elle s'est fâchée avec son ami qui est reparti en voiture avec notre cadeau ! »

Dans les années 80, au hasard d'une tournée, Jean et sa femme frappèrent à la porte de sa loge ; Barbara offrit à sa femme un grand bouquet de fleurs.

Dix ans plus tard, à la mort de Jean, elle lui écrivit un mot plein de pudeur et de tristesse.

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