J. Cherhal / Sans ma souris

L'exposition "Souris Calle" (octobre-décembre 2018 ; Galerie Perrotin ; Paris) a pour but avoué de permettre à Sophie Calle de faire le deuil de Souris, le chat décédé en 2014 et avec lequel elle vivait seule depuis des années. "Souris Calle" se situe ainsi dans le prolongement de la démarche habituelle de cette artiste qui transforme l'intime en œuvre d'art dans un but cathartique, une démarche qui est également celle de Cherhal. L'essentiel de l'événement tient en l'enregistrement par une cinquantaine de chanteurs de 39 chansons centrées sur Souris. Cherhal semble respecter la règle du jeu et se glisser en piano-voix dans la peau de Sophie Calle pour évoquer, minimalisme répétitif et mots inouïs ("Je vis dans un cimetière / Où l'animal règne en maître / Et la douceur en reine") à l'appui, la maison aussi vide que macabre où elle vit, mais, en refusant de laisser le moindre indice qui pourrait suggérer que Souris est un chat, elle ouvre en fait la voie à bien d'autres interprétations, dont les plus fascinantes sont sans doute à chercher du côté du rêve, des mythologies et de la création artistique.