J. Cherhal / L'eau (1ère et 2è partie)

La chanson éponyme de l'album L'eau est un feu d'artifice verbal où Cherhal confie en cinq refrains et autant de couplets (des quatrains dont chaque vers est rythmé par une aussi discrète qu'implacable versification interne) son attirance pour cet élément. Son imagination est telle dans ce domaine qu'elle a ajouté une seconde partie à la chanson lors de la tournée qui a suivi la parution de l'album, ces deux parties mettant surtout l'accent sur la fascination pour les formes les plus troubles de l'eau, ce qui n'est pas sans renvoyer des relents de La station ("Même l'eau qui naît dans les robinets et les conduits / (...) / Même l'eau qui dit tchao dans les chasses d'eau"). Pour ludiques et enjouées qu'elles soient, ces confidences n'en confirment donc pas moins le rôle cathartique de l'art dans le cas de Cherhal. Elles permettent aussi d'éclairer un peu les méandres d'une œuvre que l'eau irrigue depuis toujours (la pluie, la mer, les pleurs, etc.) et de deviner que cet élément, souvent associé à la femme et au rêve, est la source qui alimente la créativité de l'artiste et notamment l'étonnante fluidité de ses mots.